ETUDE D’ORIENTATIONS POUR L’ECOLE D’ART D’ANNECY
Etude et schémas d’orientation pour les espaces de l’Ecole supérieure d’Art de l’Agglomération d’Annecy et des Pays de Savoie / Annecy (74)
Commande : ESAAA / 2014
Avec : Baptiste Fuchs, consultant en développement culturel.
. Contexte
L’étude a été lancée par l’ESAAA, en avril 2014, avec pour cahier des charges :
— recueillir et mettre en lumière les besoins présents et futurs de l’établissement ;
— lier ces besoins à un projet d’aménagement de locaux existants sur le site des Marquisats ;
— réaliser un schéma directeur qui soutienne le développement de l’ESAAA, en lien avec son projet d’établissement et auprès de ses partenaires concernés par le projet.
. Les enjeux de l’étude
– Appréhender le passage du site sauvage au quartier de ville. Le site des Marquisats, encore très sauvage de par la forte présence de la nature (lac et montagne) est en cours de transformation puisqu’il est situé à l’entrée/ sortie de la ville d’Annecy dont les voiries ont été restructurées récemment et en marge du futur quartier des Trésums qui accueillera prochainement 650 nouveaux logements. L’évolution des Marquisats a donc commencé, favorisant l’expansion du programme déjà riche et complexe des bâtiments de Wogenscky : la résidence étudiante, l’école d’art, le gymnase et le bâtiment annexé plus tard, la SMAC du Brise Glace. Les agencements entre les programmes de sports, de loisirs (base nautique, tennis, gymnase), de détente (plage, skate-park), de culture (école d’art) et de logement (résidence étudiante, foyer des jeunes travailleurs) existent déjà, mais les cohabitations vont changer d’échelle puisque les futurs logements jouxteront la partie la plus haute du site des Marquisats.
– Analyser l’évolution d’un site patrimonial moderne. Si Annecy détient un bon nombre d’ensembles modernes, construits au cours des trente Glorieuses et en lien avec l’expansion économique du territoire, et signés de grands noms (Le Même, Jacquet, Cottard, Novarina, Gagès, Fay, Wogenscky, Miquel… ), l’ensemble des Marquisats apparaît comme très affirmé, illustrant les principes corbuséen appliqués de manière inégales dans les architectures d’après- guerre. Le positionnement des blocs bâtis dans une pente laissée quasi intacte, de manière perpendiculaire pour les bâtiments de logement et parallèle aux courbes de niveaux pour les espaces publics et de service génèrent des espaces indé-pendants, dotés de vues changeantes sur le paysage naturel environnant. André Wogenscky et Louis Miquel ont souhaité conserver les arbres existants sur le site et ont généré très peu de modélisation de terrain. Le principe de libération des sols, peu visible aujourd’hui puisque de nombreux espaces ont été fermé entre les pilotis, était pourtant proposé, permettant à la nature de filer sous la «culture». La lecture historique du site des Marquisats passe aussi par l’intérieur des bâtiments, et plus précisément celui de l’école d’art qui est traversée par une rampe, élément d’architecture propre aux modernes, qui engage dans notre cas un dialogue avec les différents ateliers, les espaces ouverts sur le lac, les espaces cachés sous une verrière ou entre des pilotis.
. Positionner l’école d’art d’Annecy dans le micro et le macro. Un lieu d’enseignement universitaire est moteur de transformations sociales, de rencontres et d’échanges. Structure à échelle humaine, micro-lieu, l’ESAAA active un réseau régional et international et existe bien au delà des frontières des Marquisats. Quelles actualités, quels projet de développement, quels partenariats appuient l’extension du micro vers le macro ? Quels outils peuvent refléter cette idée (lieux polyvalents, ajustables, web, espaces partagés entre institutions) ? Quels espaces pour quels réseaux au sein des Marquisats ?
. Révéler des potentiels spatiaux. Le cahier des charges présente la richesse des activités de l’ESAAA (enseignement, recherche, workshops, résidences) et ses ouvertures (ateliers de pratique pour les amateurs, parcours culturels). Pourtant, l’école d’art d’Annecy est la plus petite école de France en nombre de mètres carrés. Les espaces sont à optimiser et à étendre.
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. Diagnostic : l’ESAAA, un écosystème culturel.
Comme tout acteur culturel, l’ESAAA se situe au cœur d’un tissu d’interactions qui en font un connecteur culturel, c’est-à-dire un espace capable de relier des ressources culturelles de natures différentes (communautés de personnes ou d’acteurs, savoir-faire, disciplines, capacités, mémoires, moyens…) de manière à générer une richesse profitable aux missions de l’école et plus largement à l’ensemble des parties concernées. Ainsi, l’ESAAA constitue un écosystème culturel dont on peut dire qu’il est large en ceci qu’il implique plusieurs niveaux d’interactions et de connexions. Nous en distinguons trois :
– niveau 1 : l’ESAAA et le site des Marquisats
– niveau 2 : l’ESAAA et l’agglomération annécienne
– niveau 3 : l’ESAAA dans les réseaux régionaux, nationaux et internationaux
L’ESAAA ne saurait être considérée comme une entité monolithique et figée qui interagirait de manière univoque avec son environnement. Elle est déjà en elle-même un ensemble mouvant constitué de plusieurs composantes qui interagissent constamment. Du point de vue de sa mission première qui est celle de l’enseignement supérieur, l’ESAAA fonctionne comme un vivier de personnes, de compétences, de savoirs, de pratiques, de flux, de potentiels, à l’intérieur duquel chaque étudiant, accompagné par l’école, est invité à construire un parcours individuel et original qui lui convient. Le rôle de l’ESAAA est de suggérer ou de faciliter ce parcours en reliant les ressources (lieux, temps, acteurs et moyens).
. Diagnostic : les ruptures spatiales, le manque de m2
D’importants changements dans le fonctionnement de l’ancienne MJC des Marquisats, à l’origine installées dans le premier bâtiment « haut », puis dans les deux bâtiments, ont marqué l’évolution du site. Depuis 1994, lors de l’installation de l’école d’art dans les locaux de la MJC le long de la route nationale, des accès ont été fermés, remettant en cause la mixité du programme (gymnase / culture ; hébergement / culture) et la fluidité à l’échelle du site.
En 2014, l’école d’art est une des plus petites école d’art en France en terme d’espaces.
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. Les potentiels de développement
L’ESAAA comme vivier de personnes, aspect fondamental, doit être pris en compte par le schéma d’aménagement proposé qui devra encourager la connexion des ressources en permettant notamment :
– la circulation des personnes et des usages
– la visibilité des pratiques, des disciplines, des savoir-faire
– des possibilités de rencontre et l’interaction entre les flux ainsi générés.
En effet, plus les ressources se croisent, plus elles s’enrichissent mutuellement et plus elles permettent de générer de la richesse et du sens. Concrètement, cette préoccupation pourrait se traduire par la création d’un espace de rencontre au sein de l’école, invitant à la fois à la circulation et à la pause, un lieu où l’on passe et où l’on s’arrête, un lieu de récréation, d’échange informel, de travail ou de détente.
Il s’agit également de tenir compte de cet aspect dans la distribution des fonctions dans les différents espaces de l’école. a une distribution cloisonnée, figée et masquante on préfèrera une répartition des usages susceptible de générer des flux et ménageant des zones de frottement, de croisement ou de mutualisation.
Pour les APA (Atelier de Pratiques Artistiques), il s’agirait de permettre une cohabitation harmonieuse entre les usages induits par les APA et ceux liés à l’enseignement supérieur.
A l’échelle de l’agglomération annécienne, l’école pourrait se doter d’un espace polyvalent et modulable qui pourrait servir à la fois de salle de conférence et de salle d’exposition, d’une surface et hauteur sous plafond suffisantes pour accueillir un public nombreux (jusqu’à 150 personnes) et/ou des installations imposantes. Facilement accessible et visible de l’extérieur, cette salle s’inscrirait dans une scénographie et des flux de circulation qui en ferait un espace accueillant dans lequel le promeneur se sent invité. Il pourrait se situer à proximité de la cafétéria et constituer avec elle une zone ouverte au public.
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. Le scenario « Les plateaux » : prolonger les stratifications du paysage
Il s’agit de prolonger et de conforter certaines activités en strates, déjà lisibles aujourd’hui, en plateaux à investir :
– le plateau des ateliers pratiques au sous-sol ;
– le plateau évènements au rez de jardin : salle exposition (hall) ;
– l’administration et la salle informatique (Verrière) au PL1;
– la bibliothèque entre le PL1 et le PL2 (inchangée) ;
– le FaB LaB au niveau du sous-bassement de la résidence ;
– la salle de conférence au PL3 (actuelle salle des 5ème année) avec extension possible vers le Semnoz ;
– les ateliers étudiants au PL2 et dans la résidence ;
– l’espace de convivialité et cuisine au niveau de la terrasse côté lac.
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. Préconisations pour des évolutions spatiales
– Renforcer l’espace public de circulation et de convivialité du parvis devant l’école
– Conforter les circulations verticales douces produites par la rampe intérieure
– Conforter les espaces hybrides situés dans les demi-niveaux du bâtiment (salle exposition, bibliothèque, verrière, salle 1ère année)
– Conserver la sobriété des volumes conçus par Wogenscky (Minimum de cloisonnement, fluidité des circulations, grands volumes) et valoriser les terrasses et toitures.
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. Maquette d’étude pour l’élaboration des scénarios, outil de médiation et de discussion.